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Photo du rédacteurErwan Saouter

La cause environnementale justifie-t-elle tous les excès et raccourcis ?

Selon le WWF, les populations mondiales d'animaux sauvages ont chuté de 69 % en moyenne depuis 1970[1]!


Ce chiffre effrayant, angoissant, va sans aucun doute être repris par tous les media et devenir LA vérité absolue : nous (humains) avons détruit 69% des animaux sauvages !


Si la disparition des espèces animales est extrêmement préoccupante, incontestable, et que l’activité humaine – notamment via sa production alimentaire – en est indiscutablement responsable, il faut examiner ce qui se cache derrière ce chiffre, comme vient de le faire OurWorldInData dans sa publication : Indice Planète vivante : que signifie réellement une baisse moyenne de 69 %[2] ?


Tout d’abord, que regroupe le terme ‘animaux sauvages’ ?

Il ne couvre en fait qu'un petit pourcentage des espèces : seulement 16% des espèces d'oiseaux connues, 11% des mammifères, 6% des poissons et 3% des amphibiens et reptiles. De plus, de nombreux groupes taxonomiques ne sont pas du tout inclus - rien sur les insectes, les champignons, les coraux ou les plantes. Ce n’est donc pas tous les animaux sauvages, mais seulement une petite partie.


Deuxièmement, l’indice planète vivante est une moyenne, et comme tout le monde le sait, une moyenne est très fortement impactée par les valeurs extrêmes. Sur les 14700 populations retenues par le WWF, 356 sont effectivement dans une situation très critiques. Si elles sont retirées de l’étude, la tendance pour les 14344 populations restantes révèle une certaine stabilité, voire une légère augmentation comme le montre le graphe ci-dessous.




Bien sûr, cela ne change rien au fait que certaines espèces sont en train de disparaître et que nous devons tout faire pour arrêter cette hécatombe. La perte de biodiversité au niveau mondial est incontestable. Elle est aussi dramatique que l’impact des émissions de gaz à effet de serre sur le climat et affectera la capacité de l’humanité, et du vivant sur la planète en général, à se maintenir et à prospérer.


Cette analyse n’a pas pour but de minimiser le problème, mais au contraire d’inciter à concentrer les efforts de protection sur les populations effectivement en voie de disparition, plutôt que de laisser croire que 69% de toutes les espèces de vertébrés ont disparu.

On a déjà suffisamment de raisons de déprimer…


La manipulation des chiffres, appelée ‘greenwashing’ quand elle vient du secteur privé, décrédibilise le message et le porteur du message et risque finalement de nuire à la cause que l’on cherche à défendre.


Un peu de science ne fait pas de mal.


[1] https://www.wwf.org.uk [2] https://ourworldindata.org/living-planet-index-decline

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